L’anxiété et les troubles anxieux : comprendre pour mieux agir

L’anxiété est une émotion normale, utile et même vitale. Elle nous alerte devant un danger ou un défi, et mobilise nos ressources pour y faire face. Mais lorsqu’elle devient trop fréquente, intense ou irrationnelle, elle peut évoluer en trouble anxieux.

Quand s’agit-il d’un trouble anxieux, comment le repérer, le diagnostiquer et quelles solutions pour se rétablir ?

Un article pour démystifier l’anxiété, reconnaître les signes de souffrance psychique et mieux accompagner les personnes touchées.

L’anxiété est une émotion universelle que tout le monde ressent un jour ou l’autre. Elle agit comme un signal d’alarme naturel face à une menace ou une situation perçue comme difficile. Elle joue un rôle dans notre capacité à réagir, à affronter le danger et à nous adapter à une situation nouvelle. Par exemple, avant un examen ou un entretien d’embauche, ressentir de l’anxiété peut nous motiver à mieux nous préparer.

Mais l’anxiété devient problématique lorsqu’elle survient sans raison apparente, de façon disproportionnée, ou qu’elle s’installe dans la durée. Elle peut alors s’accompagner de douleurs physiques, de pensées obsessionnelles, ou d’un évitement systématique de certaines situations. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’une simple réaction passagère, mais d’un trouble anxieux.

Il faut distinguer l’anxiété du stress. Le stress est lié à une situation identifiable, souvent temporaire, et disparaît une fois celle-ci résolue. Alors que l’anxiété peut persister même en l’absence de cause claire ou après la disparition du facteur déclencheur.

On parle de trouble anxieux lorsque l’anxiété devient excessive, chronique et envahissante au point de perturber durablement le quotidien. Cette souffrance psychique est souvent invisible, mais elle peut être extrêmement invalidante. Les personnes concernées ont parfois du mal à en parler, de peur d’être jugées ou de ne pas être comprises.

Il existe plusieurs types de troubles anxieux, chacun avec ses spécificités :

• Le trouble anxieux généralisé (TAG) se manifeste par des inquiétudes constantes et incontrôlables, souvent sans raison objective. Ces pensées envahissantes portent sur des aspects banals du quotidien (santé, finances, travail, famille…) et s’accompagnent de tensions physiques et de fatigue. Cela se manifeste par la peur de l’imprévu et l’anticipation du pire scénario, avec l’incessante question “Et si… ?”. A la clé, l’impossibilité de vivre sereinement et de profiter de l’instant présent.

• Les phobies spécifiques sont des peurs intenses et irrationnelles d’un objet ou d’une situation particulière (ex. : araignées, avion, sang…). Même si la personne est consciente du caractère démesuré de sa peur, elle ne parvient pas à la contrôler. Parmi elles, l’agoraphobie est la peur de se retrouver dans des lieux où il serait difficile de s’échapper ou d’être secouru en cas de crise. Elle peut conduire à éviter les transports en commun, les centres commerciaux ou les espaces ouverts, au point parfois de ne plus oser sortir de chez soi. Les phobies sociales désignent la peur d’être exposé au regard et jugé par les autres, comme la peur de rougir, de trembler, de parler en public, la peur des examens.

• Le trouble panique : il se traduit par des attaques de panique répétées, imprévisibles, avec des symptômes très intenses (palpitations, sensation d’étouffement, vertiges, peur de mourir ou de devenir fou). Ces crises entraînent une peur permanente de revivre ce type d’épisode.

• Les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) sont également liés à l’anxiété. Les TOC mêlent des obsessions (pensées ou impulsions intrusives et récurrentes) à des compulsions (actes répétés ou rituels) que la personne se sent obligée d’exécuter pour chasser l’obsession de son esprit et réduire l’anxiété. Les compulsions peuvent prendre la forme de lavage des mains, vérifications, rangement suivant un ordre précis, comptage, prière, répétition silencieuse de certains mots...

• Les troubles anxieux sont 2 fois plus présents chez les femmes que chez les hommes.
• Ils touchent environ 15 à 20 % de la population à un moment ou un autre de la vie.
• Les symptômes apparaissent généralement dans l’enfance et l’adolescence (pour les phobies et troubles obsessionnels) ou au début de l’âge adulte (pour l’anxiété généralisée).
• La fréquence est variable pour chaque maladie appartenant aux troubles anxieux, la plus fréquente étant la phobie spécifique.

Source : l’Assurance Maladie - ameli.fr

Les symptômes de l’anxiété sont nombreux, variés, et souvent mal identifiés. Ils peuvent être :

Physiques :

• Palpitations, respiration rapide (hyperventilation)

• Sensation d’étouffement, boule dans la gorge

• Tensions musculaires, tremblements

• Troubles digestifs, maux d’estomac

• Fatigue chronique, troubles du sommeil

Psychiques :

• Ruminations mentales, pensées catastrophiques

• Hypervigilance, difficulté à se détendre

• Sentiment constant de danger, peur sans objet

• Baisse de l’estime de soi, dévalorisation

• Irritabilité, nervosité

Comportementaux :

• Évitement de certaines situations ou lieux

• Besoin excessif de contrôler son environnement

• Recherche constante de réassurance auprès des autres

• Isolement social progressif

Lorsque ces signes deviennent fréquents, durables (au moins six mois dans le cas du TAG) et qu’ils nuisent à la vie personnelle, sociale ou professionnelle, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.

Les origines de l’anxiété sont multiples et souvent combinées. Il n’existe pas de cause unique ou universelle, mais plusieurs facteurs peuvent contribuer à son développement :

Facteurs biologiques et génétiques : certaines personnes sont plus prédisposées à l’anxiété, en raison de leur fonctionnement cérébral ou de l’hérédité. Des déséquilibres dans les neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine peuvent également jouer un rôle.

Facteurs psychologiques : des expériences de vie difficiles (traumatismes, abus, deuils, environnement familial instable) peuvent fragiliser la personne. Une faible estime de soi, une tendance au perfectionnisme ou un tempérament anxieux peuvent aussi favoriser le développement d’un trouble anxieux.

Facteurs environnementaux et sociaux : un stress professionnel intense, des conditions de vie précaires, l’isolement, ou encore des pressions sociales peuvent déclencher ou entretenir l’anxiété.

Comprendre ces facteurs permet de déculpabiliser : l’anxiété n’est pas un caprice ni un défaut de caractère, mais une réaction complexe du corps et de l’esprit à un environnement perçu comme menaçant.

Le diagnostic des troubles anxieux repose sur une évaluation approfondie par un professionnel : médecin généraliste, psychiatre ou psychologue. Il s’appuie sur l’écoute des symptômes, leur fréquence, leur intensité, et leur impact sur la vie quotidienne.

Le professionnel peut utiliser des questionnaires d’évaluation, mener un entretien clinique et parfois recommander un bilan médical pour éliminer d’autres causes (problèmes cardiaques, troubles hormonaux, etc.).

Le diagnostic ne vise pas à "étiqueter", mais à mieux comprendre la souffrance et à proposer une prise en charge adaptée. Il est la première étape vers un mieux-être.

Il existe aujourd’hui des traitements efficaces pour soulager et soigner les troubles anxieux. Selon la situation, plusieurs approches peuvent être combinées :

• Les psychothérapies, notamment les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), sont très efficaces. Elles aident à identifier les pensées dysfonctionnelles, à les modifier, et à développer des comportements plus adaptés.

• Les médicaments, comme les antidépresseurs ou les anxiolytiques, peuvent être prescrits en complément. Ils ne sont pas systématiques et doivent être encadrés médicalement, avec un suivi régulier.

• Les approches complémentaires : relaxation, sophrologie, méditation de pleine conscience… Ces techniques permettent de mieux gérer les tensions et de retrouver un équilibre émotionnel.

• L’hypnose thérapeutique apporte également un accompagnement efficace. Elle permet d’accéder aux ressources de l'inconscient, de travailler sur les causes profondes de l’anxiété et de transformer les schémas automatiques. L’hypnothérapie ne remplace pas un traitement médical, mais peut en être un précieux allié.

Le plus important est de ne pas rester seul·e. En parler à un professionnel est une démarche courageuse et essentielle. Elle est la première étape vers la guérison.

L’anxiété touche de nombreuses personnes, souvent en silence. Oser en parler, s’informer, reconnaître les signes, c’est déjà faire un pas vers plus de bienveillance — envers soi-même ou envers un proche — et vers le rétablissement.

Il est essentiel de ne pas minimiser cette souffrance, ni chez soi, ni chez les autres. La santé mentale est un pilier fondamental de notre bien-être global. Prendre soin de sa santé mentale, c’est se donner les moyens de vivre mieux, plus librement et avec plus de sérénité.

Sources : l’Assurance Maladie (ameli.fr) et PSYCOM (psycom.org)